La mécréance du coeur est une condition de l'apostasie ?

Réponse à l'ambiguïté : La mécréance du coeur est une condition de l'apostasie pour un acte de mécréance.

Extrait d’un texte de Cheykh Nâçir Ibn Hammad Al Fahd qu’Allah le libère.



Ibn Taymiya a dit dans Majmoû‘ Al Fatâwâ volume 14 page 120 :

 

وما كان كفراً من الأعمال الظاهرة؛ كالسجود للأوثان، وسب الرسول ونحو ذلك، فإنما ذلك لكونه مستلزما لكفر الباطن، وإلا فلو قدر أنه سجد قُدّام وَثَنٍ ولم يقصد بقلبه السجود له بل قصد السجود للّّه بقلبه لم يكن ذلك كفراً، وقد يباح ذلك إذا كان بين مشركين يخافهم على نفسه فيوافقهم فى الفعل الظاهر ويقصد بقلبه السجود للّه، كما ذكر أن بعض علماء المسلمين وعلماء أهل الكتاب فعل نحو ذلك مع قوم من المشركين، حتى دعاهم إلى الإسلام فأسلموا على يديه، ولم يظهر منافرتهم في أول الأمر‏.‏

 

« Ce qui consiste en une mécréance dans les actes extérieurs ; comme se prosterner pour une idole ou insulter le messager ou les choses de ce genre : c’est une mécréance parce que cela implique fatalement la mécréance intérieure. Mais dans l’hypothèse où quelqu’un se prosterne devant une idole sans avoir l’intention dans son cœur de se prosterner pour elle, mais au contraire vise la prosternation pour Allah dans son cœur, ceci ne serait pas une mécréance ; cela peut même être permis, et ceci lorsqu’il se trouve au milieu des idolâtres et qu’il craint pour sa vie à cause d’eux, il s’accorde avec eux dans ses actes extérieurs mais dans son cœur il ne vise qu’Allah dans sa prosternation. C’est ce qu’il fut relaté de certains savants musulmans et certains savants des gens du livre qui agirent de la sorte avec un peuple d’idolâtres afin de les inviter à l’Islam, alors ils se convertir, sans leur avoir montrer d’hostilité au départ. »

 

Les hérétiques Mourji’a utilisent cette parole d’Ibn Taymiya pour prétendre les quatre égarements suivants :

 

1) Poser l’Istihlâl comme condition en cas de mécréance.

 

2) Qu’on ne sort de l’Islam qu’à condition d’avoir pour but de mécroire.

 

3) Que les paroles et les actes de mécréances extérieurs ne sont pas une mécréance mais seulement un signe de mécréance intérieurs.

 

4) Qu’il est permis de faire de la mécréance pour un intérêt comme l’invitation à l’Islam.

 

 

Réponse détaillée :

 

1) Pour ce qui est de la condition de légaliser la mécréance :

 

Le cheykh n’a nulle part dans ce texte parlé d’Istihlâl ou de légalisation, de ce fait cette ambiguïté s’effondre à la racine même. Cette mauvaise compréhension vient de l’expression : c’est une mécréance parce que cela implique fatalement la mécréance intérieure mais ceci n’indique en rien la légalisation, comme nous allons le voir :

 

2) L’expression « Implique fatalement » signifie que :

L’intérieur et l’extérieur sont indissociables, et donc lorsqu’Ibn Taymiya dit : « Ce qui consiste en une mécréance dans les actes extérieurs ; comme se prosterner pour une idole ou insulter le messager ou les choses de ce genre : c’est une mécréance car elle implique fatalement la mécréance intérieure » cela concorde tout à fait avec ses autres paroles se trouvant dans ses autres ouvrages. Et une fois qu’on connait le lien entre l’intérieur et l’extérieur que cheykh Al Islam Ibn Taymiya a démontré dans nombre de ses ouvrages, alors on comprend ce que signifie sa parole ici : il explique que la parole ou l’acte de mécréance extérieur implique forcément l’impiété intérieure, car les deux sont indissociables.[1] Mais le facteur du verdict de mécréance est uniquement la parole ou l’acte, et non pas la conviction du cœur ou son intention ; c’est juste que lorsqu’il y a une mécréance extérieure cela implique la mécréance intérieure.[2]

 

La mécréance intérieure est donc une implication et non pas une condition pour prononcer le verdict d’apostasie sur base de la parole ou de l’acte, il y a donc une très grande différence entre la parole d’Ibn Taymiya et celle des Mourji’a qui disent : Il se peut qu’on insulte Allah ou Son messager tout en ayant la foi dans son cœur. Les Mourji’a ne considèrent donc pas que la mécréance extérieure implique forcément la mécréance intérieure, leur avis n’a donc rien à voir avec celui d’Ibn Taymiya !

 

3) Au sujet de l’intention :

 

Cheykh Ibn Taymiya ne met en aucun cas comme condition d’avoir l’intention de devenir mécréant[3], mais plutôt d’avoir l’intention de commettre l’acte, or il y a une grande différence entre les deux :[4]

 

Celui qui a l’intention de commettre l’acte ou de dire une parole de mécréance, il devient mécréant extérieurement et intérieurement même s’il n’avait pas l’intention de devenir mécréant en faisant cet acte, comme le constata cheykh Ibn Taymiya comme nous l’allons voir inchaAllah. Ibn Taymiya a mis comme condition pour pouvoir appliquer le jugement, qu’il y ait l’intention de commettre l’acte en question.

 

La mécréance, est le jugement que le Législateur attribua à certains actes, la personne responsable ne décide pas des sentences octroyées aux actes, il n’est maître que de leur accomplissement ou pas et ne pourra en aucun cas dire : « Je n’avais pas l’intention de blasphémer en faisant cela! »

 

4) Ibn Taymiya a ensuite donné un exemple d’une situation où quelqu’un commet un acte sans avoir voulu le commettre :

 

« Mais dans l’hypothèse où quelqu’un se prosterne devant une idole sans avoir l’intention dans son cœur de se prosterner pour elle, mais au contraire il vise Allah dans son cœur, ceci ne serait pas une mécréance ; cela peut même être permis, et ceci lorsqu’il se trouve au milieu des idolâtres et qu’il craint pour sa vie à cause d’eux, il s’accorde avec eux dans ses actes extérieurs mais dans son cœur il ne vise qu’Allah dans sa prosternation. »

 

Et il y a plusieurs points soulevés ici :

 

a) Lorsqu’il dit « dans l’hypothèse » c’est donc une hypothèse (تقدير) et non une constatation (تقرير), or il y a une grande différence entre les deux car il arrive qu’un savant suggère une hypothèse imaginaire et impossible à laquelle il attribue un verdict dans le but d’expliquer mieux un sujet.[5]

 

b) Lorsqu’il dit : « sans avoir l’intention dans son cœur de se prosterner pour elle » cela montre bien qu’il parle de celui qui n’a pas l’intention de l’acte (la prosternation) qui est la cause d’apostasie, il ‘agit donc de celui qui est semblable à l’homme qui a dit « Ô Allah, Tu es mon serviteur et je suis ton maître » par joie intense il se trompa dans ses mots et voulait dire le contraire, il n’avait donc pas voulu dire cette parole. Donc dans ces deux cas de figure, la personne ne devient pas mécréante car il y a une entrave à lier le statut à sa cause, car le premier (celui de l’hypothèse d’Ibn Taymiya) est contraint, et le deuxième (l’homme du Hadîth dont la langue s’est emmêlée) s’est trompé : or ces deux éléments empêchent de prononcer l’apostasie.[6]

 

c) Lorsqu’il dit : « cela peut même être permis » cela montre bien tout ce que nous avons dit précédemment, que l’acte apparent est bel et bien une mécréance mais il existe ici une entrave pour prononcer le verdict d’apostasie : c’est la contrainte. Il n’y a donc pas de verdict malgré la présence du facteur.

 

d) Nous voyons après tout ce que nous avons dit, que cette parole d’Ibn Taymiya concorde avec ses autres conclusions sur le caractère indissociable entre l’intérieur et l’extérieur, et que celui qui commet une parole ou un acte impie devient mécréant extérieurement et intérieurement sauf s’il existe une entrave qui empêche d’appliquer le verdict en présence de son facteur. Ibn Taymiya se base donc sur ce qui est apparent –le facteur du verdict- contrairement aux Mourji’a qui se basent sur le cœur…

 

e) Pour ce qui est de faire de la mécréance pour obtenir un intérêt : il est clair et formellement sûr et certain qu’on ne peut comprendre cela des propos d’Ibn Taymiya, et la preuve de cela est qu’il dit : « cela peut même être permis, et ceci lorsqu’il se trouve au milieu des idolâtres et qu’il craint pour sa vie à cause d’eux, il s’accorde avec eux dans ses actes extérieurs » Ibn Taymiya parle ici de la contrainte, et la contrainte est une entrave à l’apostasie unanimement reconnue par les érudits, mais ils ont divergé quant à la définition de la contrainte.

Et nous pouvons confirmer que c’est l’avis d’Ibn Taymiya lorsque nous lisons dans Kitâb Al Îmân, Majmoû‘ Al Fatâwâ volume 7 page 219, 220 :

 

ولهذا كان القول الظاهر من الإيمان الذي لا نجاة للعبد إلا به عند عامة السلف والخلف من الأولين والآخرين إلا الجهمية جَهْماً ومن وافقه فإنه إذا قدر أنه معذور لكونه أخرس، أو لكونه خائفاً من قوم إن أظهر الإسلام آذوه ونحو ذلك، فهذا يمكن ألا يتكلم مع إيمان في قلبه، كالمكره على كلمة الكفر، قال اللّه تعالى‏:‏‏ {‏إِلاَّ مَنْ أُكْرِهَ وَقَلْبُهُ مُطْمَئِنٌّ بِالإِيمَانِ وَلَكِن مَّن شَرَحَ بِالْكُفْرِ صَدْرًا فَعَلَيْهِمْ غَضَبٌ مِّنَ اللّهِ وَلَهُمْ عَذَابٌ عَظِيمٌ‏}‏ ‏[‏النحل‏:‏106‏]‏ وَهذه الآية مما يدل على فساد قول جهم ومن اتبعه، فإنه جعل كل من تكلم بالكفر من أهل وعيد الكفار، إلا من أكره وقلبه مطمئن بالإيمان‏.‏ فإن قيل‏:‏ فقد قال تعالى‏:‏ ‏{‏وَلَكِن مَّن شَرَحَ بِالْكُفْرِ صَدْرًا‏}‏ قيل‏:‏ وهذا موافق لأولها فإنه من كفر من غير إكراه فقد شرح بالكفر صدراً، وإلا ناقض أول الآية آخرها، ولو كان المراد بمن كفر هو الشارح صدره، وذلك يكون بلا إكراه، لم يستثن المكره فقط، بل كان يجب أن يستثنى المكره وغير المكره إذا لم يشرح صدره، وإذا تكلم بكلمة الكفر طوعاً فقد شرح بها صدراً وهي كفر، وقد دل على ذلك قوله تعالى‏:‏ ‏{‏يَحْذَرُ الْمُنَافِقُونَ أَن تُنَزَّلَ عَلَيْهِمْ سُورَةٌ تُنَبِّئُهُمْ بِمَا فِي قُلُوبِهِم قُلِ اسْتَهْزِؤُواْ إِنَّ اللّهَ مُخْرِجٌ مَّا تَحْذَرُونَ وَلَئِن سَأَلْتَهُمْ لَيَقُولُنَّ إِنَّمَا كُنَّا نَخُوضُ وَنَلْعَبُ قُلْ أَبِاللّهِ وَآيَاتِهِ وَرَسُولِهِ كُنتُمْ تَسْتَهْزِؤُونَ لاَ تَعْتَذِرُواْ قَدْ كَفَرْتُم بَعْدَ إِيمَانِكُمْ إِن نَّعْفُ عَن طَآئِفَةٍ مِّنكُمْ نُعَذِّبْ طَآئِفَةً بِأَنَّهُمْ كَانُواْ مُجْرِمِينَ‏}‏ ‏[‏التوبة‏:‏64‏:‏ 66‏]‏‏.‏ فقد أخبر أنهم كفروا بعد إيمانهم مع قولهم‏:‏ إنا تكلمنا بالكفر من غير اعتقاد له، بل كنا نخوض ونلعب، وبين أن الاستهزاء بآيات اللّه كفر، ولا يكون هذا إلا ممن شرح صدره بهذا الكلام، ولو كان الإيمان في قلبه منعه أن يتكلم بهذا الكلام

.

« Ce pourquoi la parole extérieure fait partie de la Foi sans laquelle un homme ne peut être sauvé, et ceci d’après l’ensemble des prédécesseurs et des successeurs, parmi les premiers et les derniers, excepté les Jahmiya : Jahm et ceux qui l’on approuvé. En effet, dans l’hypothèse où une personne est excusée du fait qu’il soit muet ou car il a peur de son peuple qui lui ferait du mal s’il manifestait l’Islam ou quelque chose comme ça, dans ce cas il est possible qu’il ait la Foi dans son cœur sans rien prononcer de sa langue[7], tout comme celui qui est contraint de prononcer une parole de mécréance. Allah a dit « Sauf celui qui y est contraint, alors que son cœur reste rassuré sur la Foi, mais quiconque ouvre son cœur avec la mécréance : ceux là ont sur eux la colère d’Allah et ont un terrible châtiment » (sourate 16 verset 106) Or ce verset indique la décadence de l’avis de Jahm et de ses adeptes ; car ce verset à classé toute personne qui tiendrait des propos de mécréance parmi les mécréants menacés ; sauf celui qui est contraint et dont le cœur est rassuré sur la Foi. Et si on dit « Mais Allah a dit « Mais quiconque ouvre son cœur avec la mécréance » ! » On répondra alors : Ceci concorde avec le début du verset, car celui qui commet de la mécréance sans y être contraint, il a ouvert son cœur avec la mécréance, sinon le début du verset contredirait la fin. Et si cela voulait parler de celui qui commet la mécréance en ouvrant son cœur et que cela puisse arriver sans contrainte, alors le verset n’aurait pas fait exception pour le contraint uniquement, mais il aurait fallu excepter celui qui agit librement [et qui commet de la mécréance] tant qu’il n’ouvre pas son cœur à la mécréance. S’il tient des propos de mécréance par opportunisme : il a ouvert son cœur avec la mécréance et ceci est une mécréance. C’est ce que nous enseigne la parole d’Allah « Les hypocrites craignent que ne soit révélée une sourate qui révèle ce qu’il y a dans leurs cœurs ! Dis : Moquez vous seulement ! Allah exposera ce que vous craignez ! Et si tu leur demandais, ils diraient assurément : « Nous ne faisions que bavarder et blaguer ! » Dis « C’était d’Allah, de Ses versets et de Son messager que vous vous moquiez ? Ne vous excusez pas, vous avez certes mécru après avoir eu la Foi. Si Nous pardonnons à une partie d’entre vous, nous châtieront une partie car ils furent criminels. » (Sourate 9 versets 64-66) Allah nous a annoncé qu’ils sont devenu mécréants après avoir eu la Foi, malgré qu’ils ont dit « Nous avons tenu ces propos impies sans y croire, mais nous blaguions et bavardions ! » Et Allah exposa que se moquer de Ses versets est une mécréance, et que cela ne peut provenir que d’une personne ayant ouvert son cœur à la mécréance, car s’il y avait la moindre Foi dans son cœur, elle l’aurait empêché de tenir ce genre de propos. » Fin de citation.

Et ceci nous expose qu’Ibn Taymiya veut dire qu’un musulman n’est jamais excusé de commettre de la mécréance dans ses paroles et ses actes sauf lorsqu’il est contraint uniquement, et cela nous explique également le lien qu’il y a entre l’extérieur et l’intérieur contrairement à ce que prétendent les Mourji’a.

 

- - - -

[1]Sauf sous la contrainte ou sous la folie. (trad)

 

[2]En d’autre terme : Lorsqu’une personne commet en toute liberté et de son propre choix, sans y être forcé, un acte ou une parole de mécréance, c’est qu’il a eu l’intention de dire ou de faire cela, car le prophète salla llahou ‘alayhi wa sallam a dit « Les actes sont accompagnés des intentions » (rapporté par Al Boukhârî et Mouslim), la racine de tout acte est l’intention : il est impossible pour une personne rationnel de faire ou dire quoi que ce soit sans avoir eu l’intention de le faire ou de le dire, sauf dans trois cas :

 

1) La contrainte sous la torture ou la mort.

 

2) La folie ou la perte de connaissance.

 

3) L’erreur, c'est-à-dire faire un acte de manière involontaire. Par contre le fait d’agir délibérément sans viser la conséquence de ce que l’on fait, ce n’est pas considéré comme une erreur.

 

Lorsqu’une personne se prosterne devant une idole ou insulte le messager sans être fou ni contraint sous la torture ou la mort : alors c’est qu’il a eu l’intention de faire ce qu’il a fait ou de dire ce qu’il a dit, quelque soit le but recherché dans cela :

 

-Que ce soit par conviction.

 

-Que ce soit sans conviction, mais dans le but de jouir d’un intérêt mondain.

 

-Que ce soit sans conviction, mais par peur des mécréants.

 

-Que ce soit sans conviction, mais pour faire plaisir aux mécréants.

 

Peut importe le but recherché dans la parole ou l’acte de mécréance :

Celui qui le commet sciemment sans y être ni contraint ni fou : il est mécréant extérieurement (de part son acte) et intérieurement (de par l’indissociabilité entre l’acte extérieur et l’intention du cœur) mais l’élément ou le facteur sur lequel nous nous basons pour le juger mécréant, c’est le simple acte ou la simple parole, et non pas l’implication de l’acte qui est l’état du cœur. Et nous ne disons pas, contrairement à ce que disent les Jahmiya et les Mourji’a Achâ‘ira, que celui qui insulte Allah n’est mécréant qu’à condition d’avoir eu l’intention de rabaisser Allah dans son cœur, car cela veut dire alors qu’il est possible d’insulter Allah volontairement sans pour autant être mécréant dans le cœur, et ceci est le dogme de Jahm Ibn Safwân.

 

Il faut donc faire la différence entre :

 

Ce que dit Ibn Taymiya :

 

Ø L’acte de mécréance fait sortir de l’Islam car il s’ensuit la mécréance du cœur, ce qui veut dire que lorsque quelqu’un commet de la mécréance volontairement il aura forcément mécru dans son cœur. C’est l’avis des sunnites.

 

Et ce que disent les Mourji’a :

 

Ø L’acte de mécréance ne fait sortir de l’Islam qu’à condition qu’il y ait mécréance dans le cœur.

 

Car le fait de mettre la mécréance du cœur en condition et non en implication fatale, voudrait dire qu’il est possible que celui qui insulte Allah exprès soit mécréant physiquement tout en restant croyant dans son cœur ! Et ceci est une hérésie extrêmement grave, c’est l’avis des Jahmiya, des Achâ‘ira et des Mourji’a extrémistes en général.

 

Et pire encore est la doctrine des Jahmiya contemporains qui eux affirment que celui qui insulte Allah ou adore une idole ou porte la croix chrétienne au cou reste musulman tant qu’on ne sait pas s’il a eu l’intention de rabaisser Allah ou de se rapprocher de l’idole ou de montrer son appartenance au christianisme.

 

[3] Ce que l’on veut dire par « Ne pas avoir l’intention de devenir mécréant » il est évident qu’aucun être rationnel n’ira faire ou dire quelque chose en ayant envie d’être maudis par Allah et d’être un damné mécréant. Ce que l’on veut dire par l’expression : « Commettre une mécréance sans avoir l’intention de devenir mécréant » c'est-à-dire sans avoir l’intention de la sentence de l’acte :

 

Lorsque nous disons qu’insulter Allah ou se moquer de Lui ou de Son prophète ou de Sa religion fait sortir de l’Islam car c’est du mépris envers Allah, ceci est la mécréance. Donc celui qui prononce exprès une insulte envers Allah sans avoir eu l’intention de Le mépriser ou de Le rabaisser dans son cœur, celui là a insulté Allah sans avoir eu l’intention de devenir mécréant, et malgré cela il n’est pas excusé et sort de l’Islam car il n’a pas été forcé de le faire. S’il le fait par exemple pour faire plaisir à quelqu’un ou pour obtenir un poste ou une faveur, sans avoir eu l’intention de rabaisser Allah dans son cœur, et même en détestant ce qu’il a dit : il aura cependant insulter Allah pour satisfaire une créature, et ceci est du Chirk Akbar car il a mit ce bas monde à l’égal d’Allah, voir supérieur à Allah.

 

Mais celui qui prétend que : ne devient mécréant que celui qui dit une parole en ayant l’intention de devenir mécréant, il lui implique alors d’excuser celui qui insulte Allah pour faire plaisir à une créature sans avoir eu l’intention de rabaisser Allah, et ceci est une hérésie extrêmement dangereuse.

 

[4]Il s’agit de la différence entre :

 

a) Faire quelque chose sans avoir eu l’intention de le faire, c'est-à-dire : le faire par erreur et involontairement : celui là est excusé. Exemple : Le faite de dire une parole en dormant, ou en étant ivre, ou bien de dire une parole qu’on ne comprend pas ou qu’on a mal compris en pensant qu’elle signifie autre chose.

 

b) Faire quelque chose volontairement et intentionnellement, sans rechercher la conséquence ou la sentence de cet acte, c'est-à-dire : sans avoir l’intention du verdict : celui là n’est pas excusé. Exemple : dire une parole ou un acte exprès, en sachant ce que cet acte ou cette parole représente, mais sans savoir que cela invalide l’Islam, ou alors en sachant que cela l’invalide mais en pensant que la bonne intention est une excuse.

 

[5] Comme lorsqu’Allah dit : « Et il t’a été révélé ainsi qu’à ceux d’avant toi : si tu associes à Allah, tes œuvres seront invalidées et tu seras parmi les perdants. » (Sourate 39 verset 65) Or, il est impossible qu’un prophète donne un associé à Allah, mais Allah énonça cette hypothèse pour exposer qu’Il ne fait aucune exception envers ceux qui Lui associent, même si c’était des prophètes.

 

Ou encore lorsque le prophète salla llahou ‘alayhi wa sallam a dit « S’il m’avait été permis d’ordonner à quelqu’un de se prosterner pour un autre qu’Allah, j’ordonnerais à la femme de se prosterner devant son mari. » Or le prophète n’a jamais ordonné de se prosterner pour un autre qu’Allah, mais il évoqua cette hypothèse pour exposer l’importance du respect que la femme doit avoir envers son époux.

 

Ibn Taymiya nous donne donc une hypothèse d’une personne qui se prosterne pour un autre qu’Allah sans avoir eu l’intention de se prosterner, mais il n’a jamais voulu dire par là qu’une personne ne devient mécréante que si elle commet de la mécréance avec l’intention de mépriser Allah ou de sortir de l’Islam.

 

[6]Cela signifie que, lorsqu’une personne commet un acte dont il ignore le sens ou dont il ignore la réalité, comme lorsqu’il se prosterne devant une idole sans l’avoir remarqué, ou qu’il prononce une parole dont il ignore la signification ou encore pense la connaître mais se trompe, ou qu’il prononce quelque chose alors qu’il se trouve dans une situation mentale où il ignore ce qu’il dit, alors il ne devient pas mécréant pour cela comme l’expliquent les gens de science :

 

Allah a dit :

« Seigneur, ne nous punis pas si nous oublions ou si nous nous trompons »

(Sourate 2 verset 286)

 

Et Allah dit :

« Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos cœurs font délibérément. Allah, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux. »

(Sourate 33 verset 5)

 

Et Allah a dit :

« Ce n'est pas pour les expressions gratuites dans vos serments qu'Allah vous saisit: Il vous saisit pour ce que vos cœurs ont acquis. Et Allah est Pardonneur et Patient. »

(Sourate 2 verset 225)

 

Cheykh Al Islâm Ibn Taymiya dit dans « Majmoû‘ Al Fatâwâ » volume 19 page 210 :

 

والرجل إذا حلف على شئ يعتقده كما حلف عليه فتبين بخلافه فهو مخطئ قطعا ولا أثم عليه باتفاق

 

« Lorsqu’un nomme jure de quelque chose en étant convaincu qu’elle est comme il en a juré, mais qu’il constate ensuite qu’il s’est trompé : alors on considérera qu’il s’est trompé et il n’est coupable d’aucun péché à l’unanimité. »

 

Et l’imam Mouslim rapporte d’après Anas l’histoire de l’homme qui a perdu sa monture dans le désert, et qui désespéra de la retrouvé et cru qu’il allait mourir de soif, lorsqu’il retrouva sa monture il dit par erreur : « Ô Allah ! Je suis ton maître et Tu es mon serviteur ! »

 

Ibn Taymiya dit à ce sujet, dans « Radd ‘Alâ Al Bakrî » page 244 :

 

وقد سبق اللسان بغير ما قصد القلب كما يقول الداعي من الفرح اللهم أنت عبدي

 

« Sa langue s’est emmêlée involontairement, à cause de sa grande joie il a dit « Ô Allah Tu es mon serviteur. » »

 

Ibn Al Qayyim a dit dans « I‘lâm Al Moûqi‘în, volume 3 page 53 :

 

وقد قال حمزة للنبي صلى الله عليه وسلم هل أنتم إلا عبيد لأبي وكان نشوانا من الخمر فلم يكفره بذلك وكذلك الصحابي الذي قرأ قل يا أيها الكافرون أعبد ما تعبدون ونحن نعبد ما تعبدون وكان ذلك قبل تحريم الخمر ولم يعد بذلك كافرا لعدم القصد وجريان اللفظ على اللسان من غير إرادة لمعناه

 

« Et Hamza avait dit au prophète, salla llahou ‘alayhi wa sallam « Vous n’êtes que des adorateurs de mon père… » Mais il était en état d’ivresse, alors il n’est pas devenu mécréant pour cela, tout comme le compagnon qui récita la sourate 109 : « Dis Ô vous les mécréants, j’adore ce que vous adorez et nous adorons ce que vous adorez… » Et ceci fut avant l’interdiction de l’alcool, et il ne fut pas considéré mécréant pour cela car il n’avait pas d’intention de dire ce qu’il a prononcé de sa langue, et le dit sans vouloir sa signification. »

 

Mouhammad Ibn ‘Abdelwahhâb dit dans dourar As-Saniyya volume 10 page 125 :

 

إذا نطق بكلمة الكفر، ولم يعلم معناها، صريحا واضحا أنه نطق بما لا يعرف معناه؛ وأما كونه لا يعرف أنها لا تكفره، فيكفي فيه قوله: {لا تَعْتَذِرُوا قَدْ كَفَرْتُمْ بَعْدَ إِيمَانِكُمْ} ،فهم يعتذرون من النبي صلى الله عليه وسلم ظانين أنها لا تكفرهم.

 

« Lorsqu’il prononce une parole de mécréance, mais sans connaitre ce qu’elle signifie, et qu’il est évidente et claire qu’il a prononcé une chose dont il ne comprend pas la signification. Par contre, s’il ignore que cela le fait sortir de l’Islam [tout en comprenant la signification de cette parole] alors il suffira de lire le verset « Ne vous excusez pas : vous avez certes mécru après avoir cru » ils s’excusaient chez le prophète, étant convaincu de n’avoir pas quitté l’Islam. »

 

Nous donnons un exemple concret, Allah a dit dans le Coran sourate 35 verset 28 :

 

إِنَّمَا يَخْشَى اللَّهَ مِنْ عِبَادِهِ الْعُلَمَاءُ

 

Innama yakh cha llaha min ‘ibâdihil ‘oulamâ’ou

 

« Ce sont certes les savants qui craignent Allah, parmi Ses serviteurs. »

 

Celui qui, au lieu de prononcer « yakhcha llaha » prononce « yakh cha llahou », alors le verset change radicalement de sens car le terme « Allah » passe de l’état de complément direct à l’état de sujet du verbe, la phrase signifiera donc :

 

« Certes, de Ses serviteur Allah a peur des savants. »

 

Et cette phrase est une mécréance évidente. Par contre la situation de celui qui la récite n’est pas évidente du tout : il est très probable que le récitant n’ai pas du tout fait exprès de dire cela, voir même ne se rend pas compte que cette faute change le sens du verset car il ignore les règles de grammaire arabe par exemple. Il a donc prononcé une mécréance sans connaitre ce que signifie sa parole.

 

[7] Ibn Taymiya parle ici de celui qui ne manifeste ni d’Islam ni de mécréance, comme lorsqu’il dit dans Minhaj As-Sounnah volume 6 page 424 :

 

فالمؤمن إذا كان بين الكفار والفجار لم يكن عليه أن يجاهدهم بيده مع عجزه ولكن إن أمكنه بلسانه وإلا فبقلبه مع

 

 

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