Les empêchements relatifs au verdict de takfir

Publié le par Aboû Qâf

 

Les empêchements relatifs au verdict de takfir

 

Par l'éminent savant du tawhid Ali ibn Khoudeir Al Khoudeir.

 

islam flag

 

Question:

 

Quels sont choses qui empêchent le verdict de takfir sur une personne?

 

Réponse:

 

Avant de prendre connaissance des empêchements, il faut nécessairement connaître les causes qui amènent à la mécréance, qui sont :

 

- La croyance.

 

- La parole.

 

- L'acte.

 

- Le doute.

 

Parce-que la définition de la mécréance est :

 

Toute parole, croyance, ou tout acte concernant lesquels des textes affirment que leur auteur mérite d'être excommunié et qu'il sort donc de l'islam.

 

De manière détaillée ces empêchements sont les suivants:

 

1) Dans l'idolâtrie majeure (chirk al akbar) Ce qui empêche de donner à la personne l'appellation de mouchrik, c'est la contrainte, comme Allah ta'ala le dit: {Quiconque abjure sa foi après avoir cru, hormis celui qui est contraint et dont le coeur demeure remplit de sérénité et de foi}

 

2) Les empêchements du verdict de takfir qui concernent les questions subtiles (masâ il khafiyya) qui sont des sujets qui ne sont connus que des savants (et étudiants en science).

 

On vise ici les questions ayant attrait aux gens des passions et de l'innovation comme les sujets liés aux noms et attributs divins, à la définition de la foi, au destin et autre, sans prendre en compte les extrémistes dans chacun de ces points.

 

Ils sont:

 

- L'ignorance. (jahl)

 

- La mauvaise interprétation. (ta3wil)

 

- Le conformisme/ou suivit aveugle. (taqlid)

 

- La contrainte. (ikrah)

 

- Que les textes qui lui aurait permis d'aboutir à la vérité ne lui sont pas parvenus.

 

- Ou bien, qu'ils lui soient parvenus, cependant il ne les considère pas authentiques/pas fiables.

 

- Ou alors, qu'ils lui paraissent authentiques, mais qu'il ne soit pas parvenu à les comprendre correctement.

 

- Ou encore qu'ils lui paraissent authentiques, mais qu'une opposition (avec un autre texte ect...) l'obligea à les interpréter.

 

- Ou qu'une ambiguïté soit venu s'opposer à ces textes et par laquelle il sera excusé auprès d'Allah .

 

- Et pour finir qu'il ait été moujtahid (qu'il ai fait tous les efforts d'interprétation avec les textes canoniques et la sunnah) pour aboutir à la vérité.

 

3) Les empêchements du takfir relatifs aux questions apparentes/claires, celles connues des savants comme de la populace, elles sont:

 

1) Son ignorance dû au fait qu'il soit habitant d'une campagne éloignée ou dû au fait qu'il soit tout nouveau convertit ou dû au fait qu'il vive dans un pays mécréant et qu'il ait grandi dans ce dernier.

 

Par contre, concernant celui qui vit parmi les musulmans, il n'a aucune excuse concernant les questions apparentes/claires, mais il est seulement une personne négligente et qui se détourne.

 

2) La contrainte al (ikrah).


Quant aux empêchements du takfir d'une personne qui commet une mécréance (koufr), les voici sommairement :

 

On trouve des empêchements liés à l'auteur (de cette mécréance):

 

- Qu'il soit non-pubère.

 

- L'absence de raison -la perte des sens- à cause d'une folie, un évanouissement, le sommeil ou un état d' ivresse, ou encore une joie intense ou une colère intense comme celui qui fût pris d'une joie intense après avoir retrouvé sa chamelle*.

 

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*Le cheikh fait allusion ici au hadith d'après Anas ibn Malik (radiAllahou 'anhou) que le prophète salla Allahou 'aleyhi wa sallam a dit :

 

«La joie d'Allah est plus grande lorsque Son serviteur revient à lui repentant, que celle de l'un de vous lorsque, comme il voyageait avait sa monture dans le désert, celle-ci s'enfuit, emportant sa nourriture et son eau ; qu'il désespère de la retrouver et, trouvant un arbre s'allonge à son ombre sans espoir de retrouver sa monture, puis que tout à coup il la voit devant lui ; qu'alors il la prend par la bride et s'exclame dans sa joie : « Ô Allah Tu es mon serviteur et je suis Ton seigneurs » la joie le faisant se tromper. (sahih Mouslim)

 

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- Qu'il n'est pas eu l'intention de commettre cet acte de mécréance ou qu'il ne visait pas la mécréance qu'implique son acte ni sa conséquence. ( c'est à dire que son acte ou sa parole n'est pas du koufr en soit, mais quelle implique de la mécréance, donc la personne ne devient pas mécréante tant qu'elle ne se conforme pas à l'implication de son acte, contrairement à l'acte qui est du kourf en soit. trad)

Par contre si il a eu l'intention de commettre cet acte (qui est du koufr en soit) ou qu'il visait cette chose, il abjure sa foi même si son but était simplement de faire l'acte et non le fait de devenir mécréant en le commettant ,ou encore, que s'il avait su que c'était une mécréance il ne l'aurait pas commis, tout cela n'est pas ce que nous visons (par notre parole juste au dessus concernant celui qui ne voulait pas faire l'acte en lui

même).


Car le fait d'avoir voulu faire l'acte ou dire la parole n'a rien à voir avec le fait d'avoir eu l'intention de devenir mécréant en commettant cette acte ou en prononçant cette parole.

Comme par exemple, une personne qui piétine une feuille pensant qu'elle n'est rien d'important, alors qu'il s'avère que c'est une page du Coran, celui là n'a guère eu pour but par cet acte de la piétiner ou de commettre un affront ( au Coran), à l'inverse de celui qui déchire le Coran (sachant que c'était bien le Coran), car celui-ci a réellement eu pour but de le déchirer, par conséquent il abjure sa foi à cause de cet acte (qui est du koufr en soit) , même si il n'avait pas l'intention d'abjurer sa foi en commettant cette acte.


- Des empêchements liés aux causes de la mécréance elles même, comme le fait qu'il vienne avec une parole ou un acte qui n'est pas une mécréance claire sans subtilité.

- L'implication et la conséquence (de l'acte, la croyance, la parole), tant qu'il n'en avait pas l'intention et ne s'y conforme pas, donc l'absence d'intention et de conformité à l'implication et la conséquence qui serait du koufr est un empêchement.

- Que la preuve ne lui soit pas établie, celle qui aurait fait de lui un mécréant dans le cas contraire.


- Le fait qu'il ne soit pas maître de ses décisions, ceci est la contrainte. Par contre concernant l'ignorance ou la mauvaise interprétation, ce sujet nécessite un développement détaillé, ce qui va venir sous-peu inchâ Allah.

Tout ceci sont les empêchements du verdict de takfir considérés.



On trouve aussi des empêchements non considérés, mais que certains pensent être des empêchement alors qu'ils n'en sont point comme:
- La peur.


- Le fait de ne pas viser la mécréance.


- L'intérêt de la prêche, ou les intérêts de manière générale, ils pensent que par conséquent, si une personne a pour but l'intérêt (de la communauté) malgré qu'il commette la mécréance, il n'abjure pas sa foi.

- Le fait que les lois et les peines punitives qui sont liées au verdict de takfir ne sont pas appliquées. Il y a certains qui font de ceci une chose qui empêche le verdict de takfir sur celui qui commettrait une mécréance claire, prétextant qu'il ne devient pas mécréant, puisque si tu le rends mécréant, tu es dans l'incapacité de le tuer ou de sortir contre lui, et que la signification de sa mécréance implique son non-droit à l'héritage

et l'obligation de le séparer de sa femme, et que si tout ceci n'est pas réalisable, il n'y a pas de takfir.


Quant à nous, nous disons qu'il existe une différence entre les dénominations et les statuts, ce qui signifie que que l'incapacité d'appliquer les lois (ahkam, comme son exécution si il ne se repend pas, le séparer de sa femme ect...) n'empêche pas de nommer la personne par la dénomination qui lui convient.

( comme le nom mouchrik,fâsiq, dhâlim ect...)

 

Le cheikh 'Abdel Latîf Âl Cheikh dit dans son livre "al manâhij" page 316:

 

Au sujet de celui qui pense et croit que la parole des gens de sciences lorsqu'ils restreignent le takfir à l'établissement de la preuve et à ce que la prêche parvienne (à la personne), empêche de nommer celui qui en est coupable de mécréant, Mushrik, d'injuste et autres parmi les actes et paroles auxquels Le Législateur a attribué ces noms...et il dit:

«Le fait que la preuve ne soit pas établie ne change pas les noms légaux ( que le Législateur a établi, trad), bien au contraire, ce qu'Allah a qualifié de mécréance, de Shirk, ou de Fisq doivent gardé leur noms légaux.

Et l'absence d'établissement de la preuve n'est pas une raison pour ne pas affirmer ces noms, malgré que celui qui en est coupable ne soit châtié qu'après que cette preuve soit établie.

Il existe donc une distinction entre le fait qu'une chose soit du koufr et le takfir de son auteur ( son chatiment et l'affirmation des Ahkams de koufr qui ne sont établie qu'après que le Message lui soit transmis et la preuve établie, trad) »


Et puisque l'occasion se présente, j'aimerais exposer clairement la voie et les fondements des murjia contemporains, des nouveaux défaitistes et des modernistes afin d'expliquer leurs règles fondamentales concernant le sujet du takfir:


1) La mise en garde concernant le takfir d'une manière générale et même d'une manière absolue sans y apporter un développement détaillé.


2) La distinction de façon absolue entre la parole et l'auteur de la parole, l'acte et l'auteur de l'acte, toujours et dans n'importe quel sujet/question, que cela soit au sujet de l'idolâtrie majeure (chirk al akbar) ou des questions apparentes concernant celui à qui la preuve a été dressée, et tu le vois dire: "La parole ou l'acte est de la mécréance, ou bien ce régime est mécréant, cependant l'auteur de l'acte ou de la parole, ou bien le gouverneur du régime n'est pas mécréant " , malgré que les causes pour son takfir sont réunies et les empêchements absents.

Tu le trouve toujours agir de la sorte, c'est pour cela que tu ne trouvera chez lui qu'aucune personne n'est bannit de l'islam de façon précise hormis ceux cités dans le Coran et la sunna. ( Comme pharaon, Abou Lahab ect...)


3) L'éloignement/l'abandon de la science relative au chapitre du takfir et sa jurisprudence, ainsi que la mise en garde concernant le fait d'étudier et de bien comprendre ce sujet, ainsi que de l'enseigner, et (pour finir) l'abandon des livres qui ont attrait à ce ce sujet.

Ils mettent aussi en garde contre les livres des savants des imams de la da'wa najdiya, considérant que le fait d'apprendre les fondements du tawhid et d'étudier de façon répétitive les livres de mohammad ibn 'Abdil Wahhab n'est pas nécessaire.

Ils pensent aussi qu'il vaut mieux s'éloigner de l'étude des annulatifs de l'islam, considérant l'étude de ces derniers et leur compréhension comme une chose qui amène la personne à avoir l'audace de se lancer dans le takfir.


4) Leur négligence concernant les questions relatives à l'alliance et au désaveu, à la haine (voué aux associateurs et aux mécréants) et l'inimité (le fait de s'opposer à eux, de blasphémer leur religion, les prendre en ennemi ect..), tout comme leur négligence des questions qui concernent le désaveu/reniement du tâghout, répétant sans cesse que nous nous ne sommes pas chargé de cela, qu'Allah ne nous questionnera pas à ce sujet, et que la science relative à toutes ces questions (koufr bi tâghout, takfir, walla wa al barra) ne représente aucun profits.

5) Considérer que l'excuse de l'ignorance de façon a lieu de manière absolue, et l'étendre au point d'excuser les ignorants parmi les juifs et les chrétiens.



6) La prêche vers la tolérance, qu'ils rabâchent sans cesse.


7) La mise en garde concernant le fait de faire le takfir des tyrans (gouverneurs), et à partir de cette base, rejeter toute personne qui les bannit de l'islam et les prend comme ennemis.

8) Faire de certaines personnes précises parmi les politiques un critère et une balance ( pour définir le minhaj de la personne), et que celui qui les déclares mécréants -malgré le fait qu'ils commettent toutes les causes de mécréance claire et que les empêchements sont absents- est khariji, takfiri , créateur de fitna, n'appartenant aucunement à Ahl as-sunna et qu'il n'est pas salafi mais plutôt talafi, malgré le fait d'appliquer le takfir sur une personne précise est une question d'ijtihad (effort d'interprétation).

Et la base est que nous disions -par exemple- celui qui adore autre qu'Allah est mécréant idolâtre, celui qui se moque du Coran est apostat ect...

Ceci est la base autour de laquelle il n'est pas permis de diverger et celui qui s'oppose à cette base est un égaré, ne faisant pas parti de ahl as-sunna, quant aux takfir d'une personne de façon précise, ceci est un autre chose.

Remarque:On trouve des fondements que nous aimerions faire profiter aux frères, qui sont:


1) Que l'islam est l'adoration d'Allah Seul sans associés, la foi en son prophète et le fait de le suivre dans tout ce qu'il a apporté. Le serviteur qui n'accomplit pas cela n'est pas musulman.

2) Que celui commet du chirk akbar est mouchrik tant qu'il n'est pas sous la contrainte.

3) Que la punition de celui à qui est affirmé le nom de mouchrik n'a lieu qu'après l'établissement de la preuve.

4 ) L'obligation de faire la différence entre l'établissement de la preuve et le fait que la personne comprenne cette dernière.

5) Que l'établissement de la preuve dont l'idolâtre à qui elle parvient mérite la punition est conditionnée par:

a) Que le message lui parvienne.

b) Ou qu'il est la possibilité d'y avoir accès.

6) Que les conditions pour l'établissement de la preuve concernant les injonctions (prière, jeune ect...) sont:

a) La possibilité d'en prendre connaissance.

b) La capacité de les mettre en pratique.

7 )Que les conditions pour appliquer le takfir sur les gens des passions et de l'innovation sont:



a) Lui avoir établis de la preuve.


b) Avoir fait disparaître son l'ambiguïté


8) Que les empêchements pour le takfir des gens de la passion et de l'innovation sont:


a) Que les textes qui lui auraient permis d'aboutir à la vérité ne lui sont pas parvenus.

b) Ou bien, qu'ils lui soient parvenus, cependant il ne les considère pas authentiques/pas fiables.

c) Ou alors, qu'ils lui paraissent authentiques, mais qu'il ne soit pas parvenu à les comprendre.

d) Ou encore qu'ils lui paraissent authentiques, mais qu'une contradiction (avec un autre texte ect...) l'obligea à les interpréter.

e) Ou qu'une ambiguïté soit venu s'opposer à ces textes, pour laquelle il sera excusé auprès d'Allah.

f) Et pour finir qu'il est été moujtahid ( il a fait tous les efforts avec les textes canoniques) pour aboutir à la vérité.

 

9) Que la preuve est établie à la personne responsable (c'est à dire pas fou ect...)par la possibilité de comprendre l'argument/ preuve qui lui est adressée, et non par le fait que ce dernier arrive automatiquement à aboutir à la vérité et à revenir à elle.


10) L'obligation de faire la distinction entre les questions apparentes et les questions subtiles.


11) La mécréance de celui qui renie un chose nécessaire connue en religion, sauf si celui-ci est un nouveau convertit ou ayant grandi dans une campagne lointaine ou qui vit et a grandi dans un pays de mécréance.


12) Celui qui nie une chose qui concerne les questions subtiles n'abjure pas sa foi tant que les conditions ne sont pas réunies et les empêchements absents.


13) Celui déploie tous les efforts possibles ( avec le coran et la sunna) dans les questions subtiles, même si il se trompe, il est récompensé, à l'inverse de celui de celui qui néglige les efforts et se trompe.


14)La menace divine ( dans l'au-delà ) n'atteint les pervers et les désobéissant que lorsque que les empêchements sont absents.

Fin...

Toute la louange appartient à Allah, que la paix et les bénédictions soit sur notre prophète Mohammad, sa famille ainsi que ses compagnons.

(Réponse à une question posée au cheikh dans le forum " As-salafiyoune " )

 

Traduit par Aboû oussâma

Source : http://www.tawhed.ws/r?i=nd3fmrp6

 

Publié dans at-Takfîr

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